samedi 3 octobre 2015

Les héritiers de la mine

Jocelyne SAUCIER

Quatrième de couverture

Eux, c’est la tribu Cardinal. Ils n’ont peur de rien ni de personne. Ils ont l’étoffe des héros… et leur fragilité.


"Notre famille est l’émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. Nous n’avons rien en commun avec personne, nous nous sommes bâtis avec notre propre souffle, nous sommes essentiels à nous-mêmes, uniques et dissonants, les seuls de notre espèce. Les petites vies qui ont papillonné autour s’y sont brûlé les ailes. Pas méchants, mais nous montrons les dents. Ça détalait quand une bande de Cardinal décidait de faire sa place.
– Mais combien étiez-vous donc?
La question appelle le prodige et je ne sais pas si j’arrive à dissimuler ma fierté quand je les vois répéter en chœur, ahuris et stupides :
– Vingt et un? Vingt et un enfants?
Les autres questions arrivent aussitôt, toujours les mêmes, ou à peu près : comment nous faisions pour les repas, comment nous parvenions à nous loger, comment c’était à Noël, à la rentrée des classes, à l’arrivée d’un nouveau bébé, et votre mère, elle n’était pas épuisée par tous ces bébés?
Alors je raconte…"


Un clan, une fratrie, une tribu, on peut trouver de nombreux qualificatifs pour parler de cette famille pour le moins pittoresque. S'ils semblent se fondre dans un moule, dans un même gang, il n'en demeure pas moins qu'ils sont différents. Lorsque le dernier naît, les aînés sont déjà partis, au moins les garçons, parce que la fille aînée est toujours là… Et ce dernier né commence le récit. Il est fier de cette famille hors du commun…Il explique la mine, lePère, absent et présent à la fois, LaMère derrière ses fourneaux, mais qui veille la nuit sur leur sommeil. Les bagarres, le clan réuni, les dynamitages pour les anniversaires et la guerre contre les culs-terreux.
Mais voilà, il manque quelque chose, il le sent bien, ce petit dernier…Ils prendront le relais pour nous raconter leur tranche de vie, leur tranche d'enfance…Entre eux, ils utilisent des surnoms, mais leurs parents les appellent toujours par leurs prénoms. (Heureusement, parce que LeFion, LaPucelle, LaThommy ou même Géronimo—les narrateurs— c'est parfois un peu surprenant).
C'est l'histoire d'une fratrie hors du commun, certes, mais c'est l'histoire d'un terrible secret.
Pour la première fois depuis des années, et parce que leur père va recevoir une médaille, ils sont tous réunis. Et ce douloureux secret, ce secret qui les empêche de s'épanouir… même le dernier, qui essaie de comprendre. Un très beau texte, beaucoup de tendresse, malgré la violence de la mine et des dynamitages. 

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